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Le Stade de France transformé en ferme urbaine, vous le projetez dans ce scénario… Mais au fond de vous, c’est une fiction possible ?
Pablo. On a rien inventé ! Quand on voit que pendant la pandémie il a été transformé en vaccinodrôme… ! Mais pour moi, si le Stade de France change, c’est que l’ensemble du territoire a déjà changé. Il ne serait que l’étendard d’un changement profond. Après tout, pourquoi il serait impossible de cultiver les tribunes, d’imaginer des spectateurs pouvant manger ce qui y pousse et une pelouse tondue par des moutons ?
Samantha. Cela m’a paru évident et j’ai d’ailleurs lu à l’époque dans la presse des articles qui amenaient à nous questionner en ce sens. Pourquoi ne pas cultiver un stade lorsqu’il est inoccupé ? Pourquoi ne pas se saisir de tous ces espaces pour répondre à un enjeu fondamental de demain, l’alimentation durable. Et finalement ce scénario, c’est une ode à ce lieu : un lieu joyeux, festif où l’on vit des choses exceptionnelles. J’en fais dans mon film, un lieu d’espoir et du vivant.
Enfin Samantha, le thème de cette revue est le « je.jeu.jeux ». Parlons du pronom « je », la place de la femme dans ton scénario est fondateur.
Samantha. Oh oui ! Déjà parce que je suis une femme et que je m’interroge quotidiennement sur les inégalités qui nous touchent. Le fait que l'un de mes deux personnages principaux, Cyril, soit fan d’une joueuse de football est dur à imaginer aujourd’hui, mais justement… C’est là que je trouve cela pertinent : le cinéma est fait pour rêver et faire bouger les lignes. Dans la prochaine version de mon film, je ré-interroge aussi la question de la mixité dans le sport, et me demande si on ne pourrait pas avoir des joueuses et des joueurs à l’occasion de ce tout dernier match au Stade de France. C’est ça la vision du féminisme pour moi : que les hommes prennent part au combat, à l’image du travail que je mène de concert avec Pablo.
Aïvi, Remise en contexte 
Extrait de la revue Sur-mesure
« Aïvi raconte l’histoire d’Aïvi, joueuse professionnelle de football, qui va être prise en otage par un fanatique, lors du dernier match qui se disputera au Stade De France. Comme la majorité des espaces propices à l’agriculture dans le Département, le Stade de France a fait l’objet d’une longue étude portant sur le changement climatique. Indépendante, régie par les « Lois Vertes », la Seine-Saint-Denis a donc pris une mesure draconienne qui fait polémique : réhabiliter ce lieu emblématique en une gigantesque Ferme Urbaine pour produire une alimentation saine et bio-locale destinée aux habitants. Cyril, commanditaire de la prise d’otage incarne le « conservatisme » Aïvi, sa victime, incarne le « progressisme ». Sans s’en rendre compte, ils vont vivre ensemble un processus de deuil. Tandis que son ravisseur s’oppose à la fermeture du Stade, Aïvi a compris que cette décision, qui l’accable, était nécessaire. Pour moi, cette situation représente symboliquement les débats nés des choix radicaux qui devront inévitablement être faits pour pallier le changement climatique… »
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